Bye bye les clichés ! Bien apprécier un vin, savoir le déguster et savoir en parler, n’est pas réservé qu’aux professionnels. C’est à la portée de tout le monde ! Tout d’abord, déguster sert à savoir si on trouve un vin à son goût ou pas. Ensuite, à force d’expériences et de connaissances dans le domaine, cela permet de juger s’il correspond bien à son cépage, terroir, appellation, millésime, etc. mais c’est un niveau bien au-dessus et même les plus grands sommeliers n’ont pas toujours la science infuse !
Allez, on rentre dans le vif du sujet : comment mettre des mots sur le vin ? Comment savoir si c’est une piquette ou pas ? Comment déguster comme une pro ?
DEUX MOTS-CLÉS : SUBJECTIVITÉ ET ENTRAÎNEMENT ! 💪🏼
Bon, avant tout, on te rassure : il n’y a pas de bons ou de mauvais dégustateurs ! Quand on lit les descriptions des vins de grands experts internationaux, tu peux voir qu’ils parlent plus ou moins de la même chose — heureusement me diras‐tu ! — mais avec chacun des arômes et des expressions différentes. La dégustation est aussi une affaire de subjectivité !
On peut avoir des facilités à décrire un vin si l'on a une super mémoire des arômes, mais pour cela il n’y a pas de secret : il faut s’entraîner ! C’est comme avoir un corps de rêve, la dégustation, c’est pareil : du travail, encore du travail, toujours du travail ! Mettre des mots sur des arômes qui sont la base de la dégustation, checker sa structure (acidité, tannicité, astringence...) et ses défauts, c’est avant tout une question d’entraînement.
Bref, ouvre des bouteilles et surtout sniffe tout ce qui t’entoure : les tomates du primeur — et pas celles du Monop du coin hein ! —, les odeurs de la garrigue quand tu es en vacances en Provence, celles de la rosée du matin, du goudron qui chauffe au soleil, des fleurs, des épices, du café... Il faut TOUT sniffer au quotidien et aussi goûter, goûter, goûter, le tout en essayant à chaque fois d’y mettre des mots. Deviens un serial sniffeur et un « serial dégustateur » ! Plus tu sniffes et plus tu dégustes, plus tu développes ta bibliothèque d’arômes et de saveurs, ta mémoire olfactive et gustative, qui seront tes atouts pour mieux savoir décrire les vins. Et comme disait Salvador Dalí, « qui sait déguster ne boit plus jamais de vin mais goûte des secrets. » !
Maintenant, tu peux découvrir dans la suite de notre article nos indices et nos astuces pour devenir un dégustateur ou une dégustatrice ultra pro ! Ready ?
ON OBSERVE ! 👀
On sort ses plus belles lunettes, il est l’heure d’ouvrir les yeux et d’observer le look du vin ! La couleur du vin — appelée la « robe » – mais aussi sa brillance, sa limpidité, son intensité, sa densité... Sont de bonnes sources d’informations : elles donnent des premières indications sur sa provenance, ses cépages, son mode de vinification ou encore son âge. Pour bien analyser ces éléments, trois règles à suivre pour se mettre en condition.
🍷 UNE PIÈCE SANS ODEURS
Pour éviter toute interaction avec ton super nez !
🍷 UNE PIÈCE LUMINEUSE
Soit naturelle ou artificielle, pour bien visualiser les infos que peuvent nous donner la couleur et le verre.
🍷 UN FOND BLANC
Pour bien regarder la couleur et les infos du vin : moi, j’opte pour une nappe, une feuille blanche ou la chemise de mon mari quand il est à côté de moi !
Que nous dit la couleur ? 🎨
Climat froid ou tempéré ? Ça, on le voit à la brillance du vin, c’est‐à‐dire son acidité. Plus le vin brille, plus a priori il contient de l’acidité et provient donc d’un climat plutôt frais. En revanche, s’il ne brille pas trop, s’il est plus dense, il viendra sans doute d’un climat plus tempéré, voire méga‐ensoleillé.
Intensité : légère ou intense ?
Astuce avec un vin rouge : mets ta main sous ton verre. Si tu la vois encore, nous sommes sur une robe légère, avec un style qui sera moins intense, avec un fruité plus croquant et des tanins moins présents. Si tu ne vois pas ta main, attention ça va être spicy ! Cela annonce un vin plus intense, plus tannique, plus corpulent, plus massif.
Quel âge as-tu ? La couleur du vin donne aussi des indications sur l’âge du vin : avec le temps, les couleurs vives qui signent sa jeunesse ont tendance à prendre des nuances plus ambrées pour les blancs, plus tuilées pour les rouges.
Gras ou léger ? On le voit aux larmes ou « jambes » — ça nous fait bien marrer ce vocabulaire ultra féminin imaginé par les hommes quand ils parlent de vin... — qui tombent le long des parois du verre : c’est ce que l’on appelle le glycérol, un mélange de sucre et d’alcool qui donne des infos sur le style du vin. Plus les larmes sont épaisses et plus elles glissent lentement le long du verre, plus le vin sera alcooleux et intense. Si elles tombent rapidement et sont nombreuses, le vin offre plus d’acidité, plus de légèreté.
ON SNIFF ! 👃🏻
Le nez est le moteur principal pour décortiquer le vin. Mettre des arômes sur un vin, je te l’accorde, ça peut être méga compliqué ! Mais comme tout, avec de l’entraînement, c’est possible ! Pour le passage en revue des principales familles d’arômes, rdv ici !
Sentir un vin, c’est plonger son nez dans le verre et essayer d’identifier les différents parfums (arômes) qui s’en dégagent. Parfums qui nous renseignent sur la provenance du vin, son terroir, ses cépages, son âge ou son mode d’élaboration. On distingue deux étapes :
LE 1er NEZ
C’est quand tu mets le vin dans ton verre sans l’agiter dans tous les sens, l’objectif étant de savoir s’il sent quelque chose ou rien ou s’il y a un défaut.
LE 2e NEZ
C’est quand tu reviens sur le verre, en le remuant cette fois‐ci, en le tenant bien par le pied lui imprimant un mouvement circulaire comme un petit tourbillon, mais avec délicatesse s’il te plaît, pour ne pas en mettre partout !
ON DÉGUSTE ! 🍾
Tasting time : let’s have a drink ! Dernière étape de la dégustation, la mise en bouche est très importante, car elle va te donner des infos sur l’équilibre du vin et te permettre de conclure si tu le kiffes vraiment ou pas !
La rétro-olfaction ⚡️
Vérifier l’équilibre et la complexité du vin ! Il s’agit d’un mécanisme permettant de rechercher des arômes en bouche par voie rétro nasale, située entre le palais et les fosses nasales : les arômes volatiles volent au niveau des voies nasales et se développent. Cela permet de savoir si le vin est bien équilibré : si tu retrouves les mêmes familles aromatiques qu’au nez, le vin est équilibré ; si tu ne sens rien ou peu d’arômes en bouche, le vin est déséquilibré. La rétro-olfaction permet aussi de découvrir d’éventuels nouveaux arômes qui donnent de la complexité au vin.
LA TECHNIQUE
Comment fait‐on ? Tu prends une petite quantité de vin, tu mets ta bouche en « cul de poule » comme si tu avais une pipette, tu regardes par terre (surtout au début pour t’exercer), puis tu inspires de l’air pour faire tourner ton vin en bouche. Et là, c’est le feu d’artifice en bouche (ou pas) : les arômes volatiles vont dans les voies nasales et se révèlent (ou pas).
➡️ Trois notions sont à vérifier en priorité pour définir si le vin est équilibré ou pas en bouche, aucune ne devant dominer les autres.
L’amertume ? La présence des tanins
Elle est essentiellement la marque des tanins (uniquement présents dans les vins rouges et certains rosés). Trop intense, elle se manifeste alors par un assèchement des gencives, un effet rugueux, râpeux sur la langue. On va parler d’un vin rêche, âpre, dur... Bref, un vin pas top ! Mais les tanins bien maîtrisés, mûrs, souples, soyeux, vont apporter de la profondeur, du corps, de la consistance au vin, et contribuer à sa bonne garde.
L’acidité ? La colonne vertébrale
L’acidité se remarque sur les côtés de la langue, avec un effet kiss cool, puis une sensation de salivation. L’acidité, quand elle est maîtrisée et pas agressive, est la colonne vertébrale du vin : elle lui donne une sensation d’énergie, mais aussi de longueur, de persistance, et lui permet également de bien vieillir.
L’onctuosité ? Dolce casa
C’est une sensation tactile de gras et de rondeur en bouche. Quand le vin est doux (mœlleux ou liquoreux), la sensation d’onctuosité est due aux sucres résiduels. En revanche, quand le vin est sec (< 4 g/l), cette sensation d’onctuosité est due à la présence de l’alcool.
COMMENT RECONNAÎTRE LA MARQUE D’UN GRAND VIN ? 🌟
Outre l’équilibre entre les trois notions précédentes, un autre paramètre définit un grand vin. Quand on a bu (ou recraché) le vin, on remarque parfois un effet « waouh », comme si le vin restait longtemps présent en bouche, bien après l’avoir dégusté. C’est ce qu’on appelle la persistance aromatique : en général, plus elle est importante, plus le vin est grand !
Les professionnels définissent cette longueur avec l’échelle des « caudalies » : 1 seconde = 1 caudalie, tout simplement.
• Pour les petits vins simples : parfois rien ou 1 à 2 caudalies.
• Pour les vins réussis : 2 à 5 caudalies.
• Pour les grands vins : au minimum 6 caudalies, et plus encore !